Le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a dénoncé le lundi 4 mai 2020 une bavure qu’auraient commise les forces de sécurité burkinabè contre des réfugiés maliens. Une situation qui intervient quelque jour après une note d’information de la Division des droits de l’homme et de la protection de la MINUSMA sur l’augmentation de telles exactions de la part des forces de sécurité.
Juste désastreux ! Quand nous sommes pris pour cible par nos protecteurs. 32 réfugiés maliens blessés dans une attaque au Burkina Faso le samedi 2 mai 2020. Une attaque attribuée aux forces de sécurité burkinabè. En tout cas, c’est ce que nous rapporte le HCR dans son communiqué du lundi 4 mai. Le camp de Mentao, dans la province du Soum, qui abrite 6 500 réfugiés maliens, a essuyé cette attaque contre des civils.
Le film
« Selon les témoignages de réfugiés, les forces de sécurité sont entrées dans le camp, à la recherche d’individus armés impliqués dans une attaque contre des soldats, plus tôt dans la journée », rapporte le HCR avant de préciser qu’au cours de cette attaque, un soldat a été tué et un autre est porté disparu.
Lire aussi Pourquoi l’incendie du marché à bétail attriste Kanté
Toutes les chambres des réfugiés auraient été minutieusement fouillées par les forces de sécurité. Les hommes et les garçons ont été frappés à coups de matraque, de ceinturon et de corde, indique-t-on. « Les réfugiés se sont vus accuser de complicité à l’égard des assaillants non identifiés et ordonné de quitter le camp dans les 72 heures, sous peine de mort », souligne le HCR.
Millicent Mutuli, directrice du Bureau régional du HCR pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre a déploré cette situation : « De tels actes de la part des forces de sécurité sont totalement inacceptables. » Elle finit par recommander : « Les réfugiés du camp de Mentao doivent être protégés. »
Rien d’exceptionnel
En avril de cette même année 2020, le HCR déplorait également l’exécution d’une trentaine d’habitants de la ville de Djibo, dans le nord du pays. Une exécution qui aurait été commise par les forces de sécurité burkinabè « lors d’une parodie brutale d’opération antiterroriste » le 9 avril.
Lire aussi Marché de bétail-camp des déplacés de Faladiè: après l’incendie, la confusion
Au Mali également, ces genres de situations sont souvent déplorées. Dans sa « Note sur les tendances des violations et abus de droits de l’homme » pour le premier trimestre de 2020, la Division des droits de l’homme et de la protection de la MINUSMA déplore « une multiplication des exécutions extrajudiciaires (101 victimes), 32 cas de disparitions forcées et 32 cas de torture ou traitement cruel inhumain ou dégradant et 116 arrestations arbitraires imputables aux FDSM sur l’ensemble du territoire national ». Des forces internationales sont également épinglées dans ces exactions contre des civiles.
La folie dans laquelle le monde se laisse baigner a-t-elle finalement atteint les Forces de sécurité ? Les protecteurs se muent-ils finalement en ennemis ? Les autorités politiques aussi bien que les organisations humanitaires et de droit de l’homme doivent agir pour stopper la multiplication de telles exactions, si elles ne sont pas des jeux politiques instaurées par eux-mêmes. Ces attaques contre les civils ne peuvent que conduire au désespoir. Dans le désespoir, l’homme se laisse facilement tenter par plusieurs options, pourvue seulement qu’elles lui rendent la protection souhaitée.
F. Togola
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.